Rapport sur les fouilles de sépultures gallo-romaines et mérovingiennes découvertes fortuitement à Longjumeau dans le parc de l’hôpital au mois d’octobre 1962

Rapport établi par Bernard JEANSON et Georges MERCIER.

Conditions de la découverte

Lors d’une visite faite à l’hôpital de Longjumeau en vue d’obtenir à l’intention du fichier de documentation du G.A.A. du T.C.F., des renseignements sur une importante collection archéologique en provenance de la région, auprès de Mme CATHELIN qui s’y trouve en traitement et propriétaire de cette collection, l’un d’entre nous, Bernard JEANSON, vient à apprendre par le Directeur de cet établissement, M. GUIBERT, que des travaux entrepris en vue de la construction d’un nouveau bâtiment, ont mis à jour, depuis quelques temps, un certain nombre de sépultures.

Avec son autorisation, il se rend aussitôt sur le chantier afin d’y mener une enquête et voir s’il est encore possible de sauver quelque chose ou tout au moins, faire certaines constatations.

Arrivé sur place, il peut se rendre compte que de nombreuses et grandes briques plates, entières ou brisées, ainsi que des fragments de sarcophages en plâtre, jonchent les déblais. Une prospection de ceux-ci lui permet de récupérer plusieurs fragments de briques intéressants et, en particulier, trois portant un décor chrétien obtenu par moulage, des briques entières, des fragments de tuiles et de céramique, et un ardillon de boucle de ceinture en bronze. Elle est typique de la fin du VIème siècle, début du VIIème.

Ces fragments et ce mobilier proviennent de tranchées de 50 cm de large et de profondeur, qui ont été ouvertes pour recevoir les fondations des murs. Dans la tranche de celle-ci, il a été possible d’y voir plusieurs sépultures coupées.

De l’enquête menée, il ressort que :

– de nombreuses sépultures avaient déjà été découvertes en 1933 lors de la construction d’un autre bâtiment de l’hôpital, situé à environ 100 m de cette nouvelle découverte. Il semble probable qu’une partie de la collection de Mme CATHELIN provienne de ces sépultures.

– plusieurs sépultures en briques plates avaient déjà été découvertes lors de l’aplanissement du terrain.

– plusieurs autres sépultures de ce type, ainsi que des sarcophages en plâtre, ont été coupés par les différentes tranchées de la zone ouest, ces sépultures contenant des ossements.

– d’autres sépultures en briques plates avaient été découvertes par un jardinier, dans le potager, il y a de cela plusieurs années, dans le lieu des découvertes faisant l’objet de ce rapport.

Il semblait cependant que malgré l’urgence des travaux, il était encore possible de sauver quelques sépultures, afin de tenter d’effectuer une étude sur cette nécropole.

 Situation de cette nécropole

Cette nécropole est située dans le parc de l’hôpital de Longjumeau à distance d’environ 200 m au sud de l’Eglise, sur le flanc nord d’une colline qui descend vers la rivière de l’Yvette. La partie de nécropole découverte récemment est placée dans la partie basse du terrain de l’établissement et se trouvait recouverte par apport assez important de terre, en provenance des travaux effectués antérieurement lors de la construction des précédents bâtiments.

Le terrain est constitué de terre végétale dans sa partie supérieure. Les sépultures sont toutes implantées dans une couche de sable jaune, mais la fosse creusée pour les recevoir, est marquée par un mélange de terre végétale.

 

 

 

Observations générales

Dans toute la couche de terre, jusqu’au niveau inférieur des sépultures, c’est-à-dire entre 0,5 m et 1 m, ainsi que dans la terre de remplissage de celles-ci, nous avons retrouvé 115 tessons de céramique commune, exclusivement gallo-romains, ainsi que 4 tessons de céramique sigillée. Cet ensemble de céramique représente environ 40 vases différents.

Dans cette couche nous avons retrouvé également de nombreux clous et petits fragments informes de fer et de bronze ainsi qu’un petit bronze complètement usé, cependant identifié comme « Tétricus ».

Il semble bien certain que ces nombreux éléments n’ont aucun rapport direct avec la nécropole qui nous intéresse, mais que ceux-ci ne peuvent que provenir d’un habitat gallo-romain assez proche de ce site.

 

 

Conclusions

Devant le nombre restreint de sépultures dégagées par nos soins et surtout par le peu de mobilier funéraire recueilli, il nous est impossible d’assurer une datation précise à cette nécropole. Il est malgré tout possible de proposer que par leur forme et leur mode de construction, et bien que toutes ces sépultures soient toutes établies sur le même niveau et sensiblement selon une même orientation, que cette nécropole ait été utilisée depuis la fin du IVème siècle, début du Vème, d’après l’implantation des sépultures sous briques, typiques de la fin de l’époque gallo-romaine, jusqu’à la fin du VIIème siècle, début du VIIIème, d’après les sépultures en plâtre, caractéristiques par leur forme et leur matière de cette époque, de plus, particulières à la région parisienne.

Nous pouvons d’ailleurs rapprocher cette nécropole de celles découvertes dans la région, mais pour lesquelles nous ne possédons malheureusement que très peu d’éléments de datation.

Il semble à peu près certain que l’on se soit trouvé en présence de sépultures chrétiennes, de par la représentation sur plusieurs briques de symboles chrétiens et surtout de par l’absence de mobilier funéraire et particulièrement de vases.